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14 août 2014 4 14 /08 /août /2014 19:32

 

L’Afrique : les défis du Développement et de la Démocratie.

Le continent africain possède d’importantes ressources minières qui représentent globalement plus d’un tiers des réserves mondiales, tous minerais confondus. Il détient 89% des réserves mondiales de platine dont la moitié de la production est utilisée par l’industrie automobile. Les estimations des données officielles sont de 81% pour le chrome, 61% pour le manganèse, 60% pour le cobalt. Les quantités d’or extraites  en Afrique représentent 21% du total mondial, 46% pour la production de diamants dans le monde, 20% pour l’uranium. Les  chiffres donnent du vertige s’il faut mentionner ceux du titane, du fer, de la bauxite dont la Guinée possède les deux tiers (2/3) des réserves mondiales, des phosphates, du clinker, du charbon, du pétrole avec la découverte de nouvelles réserves de plus de trois (3) milliards de tonnes en RDC et l’équivalent en Ouganda, etc. Le manque d’exploration dans certains endroits dans les pays nous pousse à affirmer que le continent africain est un exceptionnel bassin géologique. La gitologie et les nouvelles techniques de télédétection permettront de mieux appréhender sa fortune naturelle. C’est l’exploitation dans l’opacité, sans restriction et sans contrôle de cette richesse qui fonde les tintamarres sur les statistiques de la croissance en Afrique. Les populations infortunées du continent se demandent si c’est un mirage ou un songe.

Les principes politiques et sociaux

Le révolté s’indigne et l’humaniste cherche à comprendre les raisons profondes de la prédominance du sous-développement, de la misère, de l’ignorance, des violences, des maladies épidémiologiques et des maux endémiques qui affectent si cruellement la masse des populations africaines malgré tant de ressources naturelles. Nous n’avons pas choisi de parler ici de l’ensemble des potentialités qu’offre le milieu physique, notamment les innombrables terres arabes ou forestières, les cours d’eau, un océan atlantique paisible et poissonneux, etc. L’esclavage, la colonisation et même le néocolonialisme ne peuvent plus justifier notre retard, notre arriération et notre aliénation. Est-ce parce que nous n’avons pas encore compris que nous ne devons point séparer l’instruction qui éclaire l’esprit de l’éducation qui règle les mœurs ? Suffit-il d’apprendre à lire, à écrire et donner des diplômes aux hommes pour en faire des citoyens ou des dirigeants ? Apparemment non car les véritables lumières naissent principalement de l’expérience et du bon sens. Quand l’homme apprend quels sont ses droits et les moyens dont il doit se servir pour les exercer alors il devient un bon citoyen, curieux et avide de connaissance. Nulle part dans le monde, les hommes ne puisent  essentiellement dans les livres les connaissances pratiques et les notions positives indispensables pour se gouverner librement, utilement et pacifiquement.

Malheureusement en Afrique, nous faisons souvent entrer les habitudes et les idées de l’existence privée dans la vie publique. En engageant le processus de leur développement moderne, les chinois ont imposé sans ambages la limitation des naissances à un enfant par couple. Ils savent que la liberté exige des bornes. Sans ordre et discipline, la liberté devient de l’anarchie et c’est l’état de jungle qui prévaut. Les habitudes, les opinions, les usages, les croyances que l’on appelle les mœurs constituent le socle d’un état social et politique dans lequel se greffent progressivement les règles et les pratiques démocratiques. On attribue trop d’importance aux lois mais trop peu aux mœurs. Or l’histoire nous prouve que les meilleures lois ne peuvent favoriser une démocratie viable en dépit de mœurs légères ou dégénérées. Ce sont les hommes qui font les lois et créent les institutions. Ces dernières ne peuvent pas être fortes si ceux qui les créent n’ont pas de bonnes mœurs. Le sous-développement, la misère, les violences, etc., en Afrique ne sont pas les conséquences de l’absence de démocratie ou de sa faiblesse mais celles de l’abâtardissement de nos mœurs qui favorise l’exploitation de nos ressources naturelles et notre servitude volontaire. Ce sont les peuples et leurs élites éclairées et tolérantes qui se donnent de bonnes institutions. L’organisation et l’établissement de la démocratie, qui sont devenus le grand problème politique et social de ce temps en Afrique et au Togo, ne connaîtront le succès qu’avec le règne de bonnes mœurs. La religion ayant perdu son empire sur les âmes, tout semble douteux et incertain dans le monde moral. Le matérialisme triomphant pousse les peuples et les élites qui émergent de leurs seins à cheminer au hasard et ne savent pas où sont les limites naturelles du despotisme  et les bornes de la licence. Les dirigeants s’enivrent du pouvoir et ne savent plus où s’arrêtent les exigences de celui-ci et les complaisances de la faiblesse. C’est ce qui provoque la confusion de notre temps et les infortunes de nos populations.

Le défi du développement

Heureusement, toutes les nations ont les moyens, à un moment ou à un autre de leurs histoires, de décider de sortir de la faillite. Le Togo et les autres pays africains peuvent changer le cours de leurs conditions actuelles. Le message du candidat Barack OBAMA : « Yes we can » ou « Oui nous le pouvons » porte témoignage. Nous devons prendre nos destins en mains et inventer des solutions adaptables au changement de paradigme politique, économique, monétaire et financier de notre temps. Si nous avons les espaces pour abriter deux (2) milliards d’habitants en 2050 comme il est prévu, nos économies doivent pouvoir les nourrir, les loger, les soigner et les employer convenablement. Or l’économie de la spéculation dans le monde, le pillage de nos ressources naturelles sans bénéficier à la masse de nos populations, les règles ultra-libérales des institutions supranationales et les pratiques des oligarchies financières cannibalisent l’économie réelle et saccagent nos sociétés.

Ce que nous procure l’exploitation de nos richesses et les produits des impôts ne suffisent pas à assurer le financement des investissements dans nos infrastructures, le paiement adéquat des rémunérations de nos fonctionnaires et des mesures sociales. Nous nous endettons lourdement en manquant de prévoir comment rembourser les dettes contractées sans hypothéquer nos ressources naturelles et la liberté de nos enfants. Nous savons que la puissance d’une espèce réside dans sa capacité à produire et à se renouveler. La force d’une économie est dans sa capacité à croître régulièrement. Incontestablement, nous pouvons décider de quel taux de croissance nous voulons chaque année. Pour y parvenir, nous devons disposer de projets qui apportent les résultats escomptés.

Le Traité de l’UEMOA dont dépend notre pays ne permet pas d’utiliser dans sa version actuelle la reflation pour la relance de notre économie. Mais nous avons le choix et le pouvoir de rendre fongible nos capitaux morts et autres actifs physiques  pour émettre du crédit pour la croissance de notre économie. Le reflation est l’arme fatale du Japon et des USA. L’Union Européenne s’est privé de ce levier avec le Traité de Maastricht mais utilise par l’entremise de la BCE d’autres expédients à cette fin.  Puisque le génie humain est sans limite, nous pouvons définir des projets et les exécuter efficacement en vue de permettre que le taux de croissance net de notre économie dépasse le taux de croissance net du crédit émis. Ainsi, nous émettrons indéfiniment du crédit interne pour la création de richesses et pour atteindre le plein-emploi.

Le capital humain étant la première richesse des nations policées, nous devons impérativement mobiliser les énergies inemployées de notre jeunesse pour accroître les pouvoirs productifs du travail grâce à une méthode économique à forte intensité capitalistique et énergétique. Les plus grands défis des pays africains dans les prochaines décennies sont la démographie galopante, le chômage endémique et le désœuvrement de l’immense majorité des jeunes. Nous devons créer grâce à une profonde réforme économique et sociale les conditions d’une véritable reprise économique permettant de donner une formation qualifiée et pratique aux jeunes et de recycler des seniors pour les intégrer dans la reconstruction productive de l’économie.

C’est dès maintenant que nous devons réorganiser nos instruments administratifs, financiers et monétaires associés à l’activité économique réelle et productive pour ne pas favoriser indûment  les instruments de la spéculation et de l’économie casino. Il est impératif de réformer et de protéger les moyens de paiement des retraites, de la sécurité sociale et des autres obligations  indispensables à la justice sociale. Nous devons restructurer et refinancer les banques privées qui financent et commercialisent les activités de l’économie réelle, formelle et productive. La subvention à l’agriculture est cruciale ainsi que la protection ou la création d’instruments d’épargne, en s’assurant qu’ils restent viables. Il est inévitable d’encourager la réalisation de grands travaux d’infrastructures nationaux et transnationaux, qui serviront comme des locomotives pour l’ensemble de nos économies.

L’histoire et les faits ont prouvé que dans les conditions de dépression et de crise économique et financière, il n’est pas possible d’assurer la croissance économique en laissant l’initiative à ce qu’on appelle les forces du marché ou les investisseurs privés ni en prenant des mesures d’austérité pour équilibrer à tout prix le budget ; ce qui réduit les recettes fiscales et exacerbe la crise. Le Togo et les pays de la CEDEAO doivent s’entendre sur la base de la souveraineté régionale d’Etats-nations pour émettre ensemble des crédits à long terme et à bas taux d’intérêts pour financer des projets orientés exclusivement dans l’expansion productive de l’industrie sous-régionale, de l’agriculture et du financement de PMI-PME. Sachant que l’Inde éduque plus de 165.000 ingénieurs par an, en mutualisant nos moyens et nos efforts, la CEDEAO peut éduquer 30.000 à 45.000 ingénieurs par an. C’est dans ce même but que nous devons investir rationnellement et massivement ensemble dans les domaines de la recherche et du développement.

Conclusion

La réussite passe par une planification indicative, à la DE GAULLE ou à la Franklin ROOSEVELT. Il s’agit pour relever les défis majeurs du développement et de la démocratie de faire adopter une orientation et une direction politique et économique nouvelle à nos pays, fixant à la fois un horizon et des objectifs-cibles. Il s’agit d’orienter toutes nos ressources et énergies vers de nouvelles activités susceptibles d’accroître le pouvoir transformateur des hommes dans leur espace, ainsi que leur capacité de création, leur capacité à changer les règles du jeu qui leur sont funestes pour en établir de meilleures. Les propositions pour relever les défis sont à la portée de tous et visent à établir un système de pensée nouveau, une économie qui favorise un nouvel état social, démocratique, culturel et qui assure à la nature propre de l’homme togolais ou africain son expression libre et de création. Si nous comprenons ce que sont les pouvoirs créateurs de l’esprit humain et d’où viennent toutes choses alors nous transformerons notre pays, nous cesserons nos disputes politiques futiles et néfastes et nous vivrons en paix dans une société fraternelle, unie et prospère.

 

Nicolas LAWSON

Président du PRR et de l’Institut des Affaires Economiques (IAE) - Togo

 

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