Lomé, le 13 Septembre 2011
Mgr Nicodème Barrigah
Président
C V J R
LOME – TOGO
Objet : Lettre de mise au point.
Monseigneur et Monsieur le Président,
J’ai décidé d’adresser cette lettre à la commission que vous présidez pour rétablir un fait historique falsifié que j’ai personnellement vécu. En effet, nous avons été informés que lors de sa déposition devant votre commission, Mr Joseph Kokou Koffigoh a affirmé qu’il avait créé le Front des Associations pour le Renouveau (FAR) avec Me Yaovi Agboyibo. C’est une fabulation infâme et une déformation flagrante de l’histoire.
En vérité, j’avais demandé à l’Ambassadeur allemand de l’époque, Mr Joachim Heldt, de nous inviter pour nous suggérer de coaliser nos associations pour créer un front en vue de nous opposer valablement, légalement et institutionnellement au RPT. Il avait alors invité Mr AGAH Gabriel, Directeur de publication du journal FORUM HEBDO, Mr Jean-Pierre FABRE, Directeur de Publication du journal LA TRIBUNE DES DEMOCRATES, Rico TETEKPOE, rédacteur en Chef du journal LE COURRIER DU GOLFE et moi-même, Fondateur et Rédacteur en Chef du journal LA LETTRE DE LA NATION. Après nos discussions et les recommandations, nous avions organisé une réunion au siège du journal FORUM HEBDO sans la présence de Me Yaovi AGBOYIBO ni celle de Me Joseph Kokou Koffigoh dont un parent était décédé. La décision avait été prise de convoquer une nouvelle réunion en un lieu public - en l’occurrence le restaurant LA PIROGUE avait été choisi - et de solliciter les participations de Me Yaovi AGBOYIBO, Président de la CNDH, et de Me Joseph Kokou Koffigoh, Président de la LTDH.
Il y avait alors dix (10) organisations de défense des libertés officiellement créées dont la CNDH par l’Etat et la LTDH dont nous étions tous membres. Par convenance et naturellement, nous avions opté pour la constitution d’un Bureau Exécutif dénommé la Conférence des Présidents, qui était composé des dix (10) Présidents des associations officielles. Me Yaovi AGBOYIBO avait été désigné comme Président et Me Joseph Kokou Koffigoh comme Vice-président du FAR.
Cette décision, qui excluait Mr Jean-Pierre FABRE du Bureau Exécutif du FAR parce qu’il n’était Président d’aucune association officielle alors qu’il avait été présent à l’ambassade d’Allemagne où nous avions décidé de créer le front, avait provoqué de la rancœur. D’ailleurs, tous ceux, qui étaient présents à la PIROGUE et qui s’estimaient exclus, avaient éprouvé le même sentiment.
C’est ainsi que la division funeste de l’opposition a commencé jusqu’à ce jour, rendant tragique et chaotique la démocratisation de notre pays, consacrant l’instabilité politique et affectant douloureusement la vie de l’immense majorité de nos compatriotes.
En ce moment où les togolais languissent dans la misère ou sont dans le plus chétif dénuement, il est inacceptable que le naufrageur de notre démocratie et l’armée togolaise se chamaillent à nouveau et s’illustrent dans les supercheries pour exacerber nos divisions et retourner les couteaux dans les plaies. Il faut arrêter la dérive.
En conséquence, je saisis l’occasion pour attirer votre attention et celle de l’opinion publique sur une réalité préoccupante dans le pays. Comme vous le savez, Jésus Christ a dit : « Il faut donner à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Le fondement de ce précepte christique dicte le principe cardinal de la séparation de l’Eglise de l’Etat. Aussi, dans une société laïque et instable dans laquelle des citoyens n’ont ni théologie ni christologie et que leur anthropologie est confuse, il dangereux que des évêques se mêlent directement aux controverses politiques. Le cas de Mgr Desmond TUTU en Afrique du sud était justifié par le combat implacable qu’il avait préalablement mené contre le système monstrueux et raciste de l’apartheid. L’histoire a prouvé que quand les ecclésiastiques se mêlent aux polémiques politiques, c’est toujours funeste aux sociétés profondément divisées. C’était le cas en France avec les déclarations de MIRABEAU à la convention et des rôles joués par les cardinaux MAZARIN et RICHELIEU. Les ivoiriens ont compris les leçons de l’histoire et ont préféré un homme politique, notamment Mr Konan BANNY, pour présider leur commission de réconciliation, de vérité et de justice.
Le PRR exige que des évêques ne président plus les instances politiques. Notre parti ne supporte pas les attaques qui blessent les chrétiens. Nous profitons pour rappeler que la haine et l’hystérie ne sont pas les réponses décisives aux problèmes qui minent notre société. Nous réaffirmons que notre parti a toujours pris l’offensive en faveur de la vérité, de la justice et du droit. Que nos dirigeants sachent que les révoltes et les insurrections ne prospèrent que dans les conditions de misère, d’injustices sociales, d’insécurité et quand les portes de l’avenir sont fermées pour le plus grand nombre de citoyens et que leurs aspirations sont étouffées.
Veuillez trouver ici, Monseigneur et Monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments patriotiques et distingués.
Nicolas LAWSON