Le monde subit une sérieuse crise financière, en même temps qu'une décrépitude des structures politiques, le mépris de la dignité de centaines de milliards d'hommes et le dépouillement des Etats de leurs souverainetés budgétaires, financières et monétaires. Les plans de rigueur ou d'austérité et les programmes de PPTE empêchent les Etats d'investir dans les services publics et sociaux, dans la réhabiltation et l'extension des infrastructures, etc. Ce sont les conséquences de l'idéologie totalitaire de l'économie de marché ou de l'ultralibéralisme, qui privilégie la comptabilité financière à la condition humaine. Le triomphe totale de cette doctrine sur le communisme déshumanisant et le socialisme a permis, grâce aux politiques de privatisation, de spolier les Etats et les peuples au profit d'une oligarchie sans scrupule. En dehors de l'Asie du sud-est et de quelques autres pays, on n'investit plus dans la production ou la création physique de richesse. On spécule et on réalise des profits gigantesques sur les marchés financiers. On joue avec les matières premières et les produits alimentaires sans se soucier des impacts sur la vie des hommes et la stabilité des Etats. Les appels à la raison et pour la réforme du système monétaire, financier et économque mondial qui permet la prédation restent vains. Malgré la répugnance à des changements fondamentaux des auteurs et bénéficiaires de cette perversion et leur volonté de maintien du statu quo, l'aggravation du chômage, de la misère et les besoins de dignité des peuples vont provoquer des transformations en profondeur et le renversement des élites politiques soumises à la caste des financiers. Ce qui se passe en Tunisie n'est que le prélude à des révoltes générales, qui n'épargnera ni les pays occidentaux ni les dictatures africaines. Toute résistance à cette vague ne fera qu'accroître les risques de violence et la chute des élites dénuées d'imagination, myopes et corrompues. L'accélération rapide du cours des choses de nos jours peut conduire à une longue et sanglante tragédie dans certains pays, en provoquant des guerres civiles, des famines, des migrations forcées, etc. Les enjeux sont considérablement élevés. Il nous faut de la plasticité et de l'intelligence pour trouver des solutions appropriées à tous les problèmes et aux crises diverses et multiformes en cours ou à naître. Pour ou contre Mr Laurent GBAGBO, il est crucial de reconnaître que son cas pose des problèmes de la vétusté des institutions politiques actuelles ainsi que la réalité de l'archaïsme et de l'iniquité des dogmes inscrits dans les traités (UEMOA, MAASTRICHT) et qui régissent les relations de domination dans le monde. La crise ivoirienne ne peut être résolue sans trop de dommages que si elle n'est pas abandonnée exclusivement aux politiciens et aux bureaucrates. Son règlement doit nécessairement s'accompagner de réformes institutionnelles et des traités de l'UEMOA, de MAASTRICHT et du système de Bretton Woods. C'est une ardente obligation. L'histoire ne fait pas de casuistique et ses jugements sont absolus. Nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle. Nous devons reconnaître la nécessité d'un élargissement de la démocratie, prendre part à l'édification de nouvelles règles et pratiques dans les relations internationales et affirmer notre responsabilté individuelle. Sachant que le monde dans lequel nous vivons louvoie actuellement entre de périlleux récifs sans boussole, il nous faut être des innovateurs politiques et sociaux pour éviter le naufrage de notre société. Autrement, les incertitudes politiques et la désespérance des peuples peuvent libérer des énergies d'une brutalté inouïe. La situation varie d'un pays à l'autre mais aucun n'est à l'abri des convulsions violentes. Au Togo, le chef de l'Etat a intérêt à proposer un dialogue sérieux car il y a dans le pays de la souffrance, de la frustration, de l'amertume et une sourde colère largement partagée, qui peuvent se transformer en fureur frénétique et sectaire. Cet éventuel dialogue ne doit pas être une nouvelle conférence nationale ni un simulacre. Il doit s'établir rapidement et de façon informelle entre les personnalités ayant été candidats à la présidence de la République et permettre : - de dégager une convergence d'idées fortes au service exclusif de la patrie, - de mettre en place une équipe compétente et capable de libérer les énergies productives dans le pays et - d'agir sous une discipline renouvellée pour le redressement national. C'est la nouvelle équipe qui devra dégager un ample éventail de propositions de restructuration politique, sociale et économique et ouvrir les vannes d'un torrent d'idées neuves. Le PRR soutient que la paix sociale, la stabilité politique et le progrès économique dépendent de la recomposition de l'équipe dirigeante et de la redéfinition d'un grand dessein pour le pays. IL est anti-démocratique de cumuler les postes de Chef d'Etat-Major de l'armée et de Ministre de la sécurité. Notre pays ne doit pas continuer d'enfanter de telles anomalies et de susciter la dérision à l'extérieur. Le PRR demande au Chef de l'Etat de corriger promptement ce travers. La division de l'opposition et la paix sociale précaire actuelles ne doivent pas donner de l'illusion. Le mépris des autres, les exclusions, les inégalités extrêmes et les longues injustices sont les suites nécessaires aux révolutions. La modération et la patience ont des limites. Le mélange de fausseté, de vénalité, de corruption, de vanité et d'incompétence que nous observons de la part de certains individus qui entourent le Chef de l'Etat peut provoquer à tout moment une union sacrée entre les opposants pour libérer le peuple togolais de la misère et du despotisme. Nous ne pouvons pas continuer d'accepter qu'on continue à fermer les voies aux innovations favorables au peuple, qu'on fasse languir nos frères et soeurs dans la misère, que la médiocrité et le népotisme deviennent le fondement du service public et que la gestion nationale soit exclusivement soumise à des programmes ou documents imposés par des institutions supranationales. C'est intolérable. Le temps presse car la vie chère et la désespérance du peuple appellent à la justice et à l'utilité. Les souffrances endurées par le peuple et le manque de volonté du gouvernement d'accélérer les réformes indispensables vont contraindre le PRR à combiner ses forces avec les radicaux contre le joug odieux qui opprime le peuple. Le redressement du pays commande impérieusement notre repositionnement pour éviter une nouvelle exploitation de notre pays par des prédateurs qui viendront à nouveau nous endetter, ravaler notre peuple au-dessous de la condition humaine et le maintenir dans une abjecte pauvreté. Le PRR en appelle à un sursaut du Chef de l'Etat. Nous avons travaillé pour qu'il y ait la paix sociale et que les voies de la réconciliation soient largement ouvertes. Nous n'accepterons pas que des profiteurs et ceux qui ont tant fait saigner ce pays le prennent encore en otage.
Nicolas LAWSON
Président du PRR