Nous sommes au 21è siècle et malgré l’explosion et la démocratisation des moyens de communications et de transports, très peu de gens sont encore en mesure de saisir l’ampleur, la portée et le dynamisme phénoménaux des changements dans le monde. La plupart des élites sont incapables d’appréhender le sens exact des tensions et des antagonismes qu’ils engendrent.
La mutation planétaire nous confronte irrémédiablement à un bouleversement social et à un processus de restructuration créatrice sans précédent. Elle déchire les sociétés, ébranle les fondations de l’économie mondiale, paralyse les systèmes politiques et dynamite les valeurs. Elle requiert incontestablement des élites dirigeantes dont les bagages culturels, intellectuels, spirituels et moraux leur permettent d’être aptes à répondre aux principaux défis du temps. Des mesures de palliatifs temporaires, même si elles sont indispensables dans certains cas, ne peuvent pas arrêter la saignée.
Nos notions du temps, de l’espace, de la logique, de la causalité et nos dogmes ne peuvent plus être ceux du 20è siècle ou des siècles précédents. A l’analyse et à l’observation ou à l’écoute de ce qui se passe dans le monde, notre pays n’a aucune leçon à recevoir de quiconque et de l’extérieur. Nous suivons directement avec attention et discernement ce qui se déroule en UKRAINE, en SYRIE, en IRAK, à GAZA, en LIBYE, en SOMALIE, au SOUDAN DU SUD et en RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE. Nous analysons objectivement l’expérience et le modèle de développement chinois, le regroupement des BRICS, les crises en Europe et la montée des extrémistes, etc. Aussi, en cette période bouleversante, quand la vie des gens se disloque, quand les ordres sociaux existants s’écroulent et quand un nouvel ordre politique et économique mondial émerge graduellement, nous n’acceptons pas que quiconque prône à nouveau avec légèreté et ineptie la violence et l’intolérance. La mésintelligence et les disputes pour les leviers de commande de la nation sont permises mais aucun groupe n’a plus le droit de s’organiser pour mener un combat politicien d’arrière-garde mortifère. Nous ne voulons plus de morts inutiles ni des violences conduisant des milliers de nos compatriotes à l’exil.
Il n’y a pas de développement sans paix. Il n’y a pas de démocratie viable sans un minimum de développement. Affirmer qu’il n’y a pas de développement sans démocratie est une imposture. C’est l’histoire réelle de l’occident qui nous l’enseigne. La démocratie est le tendron de l’industrialisation. Le reste n’est qu’une théorie fumeuse. Nous connaissons les maux dont souffre notre société. Il s’agit de ne plus laisser les chimères continuer à nous faire vivre dans une société vérolée et sans horizon. Il s’agit pour les patriotes de se mobiliser pour proposer des solutions de paix et de progrès. Ils doivent élaborer une stratégie permettant de regrouper les esprits positifs et d’aider la majorité de notre peuple à peser sur son destin et à assumer sa souveraineté.
Le combat politique entre les défenseurs du passé avec des dogmes désuets et les champions de l’avenir se prolonge trop. Il est très coûteux pour notre pays en vies humaines, en délitement social et en déliquescence économique, intellectuelle et morale. La confrontation entre les intérêts spécifiques d’une minorité de conservateurs et des pseudo-défenseurs du peuple fait durer la crise politique et peut encore conduire à des troubles politiques. Leurs divergences patentes ne recouvrent en réalité que la sauvegarde d’intérêts personnels ou partisans. Le Président de la République a identifié sans ambiguïté cette minorité funeste qui entrave sa politique et la marche de notre pays vers une véritable réconciliation, la justice sociale, la paix, la concorde et le progrès du pays.
Nous pressons les patriotes à faire passer le débat socio-politique à un niveau plus intelligent et positif. S’il est vrai que la structure de notre système politique actuel nous empêche de clarifier les délibérations, de déterminer les priorités et de désamorcer facilement les frictions, il n’empêche pas que nous puissions tenter tout pour négocier des compromis et régler les différents sans enflure et sans incitation à la révolte. Nous vivons une époque où nous devons dépasser la démocratie prémajoritaire et la démocratie majoritaire pour expérimenter une démocratie minimajoritaire. C’est-à-dire la pratique de l’alliance de la règle majoritaire et du pouvoir minoritaire. C’est ce que le Président de la République a tenté avec le CPDC rénové.
Assurément, c’est en s’attaquant ensemble aux problèmes que nous pourrons trouver de bien meilleures idées d’application simple et moins conflictuelles. Le principe vital pour l’enracinement profond de la démocratie a pour objet de faire sauter les verrous des dogmes surannés et de la décision autoritaire. Ce n’est pas seulement par le changement de dirigeants, qui n’est pas suffisant. Même la décentralisation politique n’est pas une garantie de démocratie politique. La possibilité de l’émergence de petites tyrannies locales impitoyables n’est pas exclue. La restauration du bon sens, de l’ordre, de la discipline, de la justice sociale et de l’efficacité dans la gestion publique sont possibles au prix d’une substantielle dévolution du pouvoir central. Il faut impérativement fractionner le fardeau de la décision mais en exerçant un contrôle strict et juste.
Nous sommes à la veille d’un nouveau bond en avant de la démocratie au Togo. Nul n’a le droit par inculture et narcissisme de tromper le peuple que notre salut dépend de lui ou de sa faction. Ici et maintenant, nous devons chercher des compromis pour un progrès graduel, linéaire et pacifique de la démocratie. Nous devons faire preuve d’un audacieux esprit d’innovation et amener notre jeunesse à s’engager massivement, socialement et politiquement et à s’écarter du chemin que leur proposent les soupirants et les accoucheurs de l’intolérance, de la division et du déclin économique. Les changements sont indispensables et inévitables mais ils doivent s’effectuer pacifiquement et avec tempérance.
Nous avons souvent essayé d’ouvrir les vannes d’un torrent d’idées neuves. Nous avons un ample éventail de propositions de restructuration politique, économique et social. Nous sommes prêts à contribuer à les faire expérimenter pour faire obstacle à l’offensive de l’exclusion et du sectarisme. Nous sommes persuadés que la peur et la maladie sont nos seuls ennemis. En conséquence, nous recommandons à nos compatriotes d’avoir la foi et du courage, qui sont les affirmations de la nature essentielle de l’homme. Avec courage et la foi en Dieu, nous aurons la force d’âme capable de vaincre tout ce qui menace notre grand bien après la vie et la liberté, c’est-à-dire la paix.
Dans l’océan de désespoir actuel, nous devons vulgariser le message d’espérance, de concorde et de réussite. Nous suivons de loin ce qui se passe en Somalie, en RDC, en Libye, en Ukraine, etc. Pour construire la société démocratique dont nous rêvons et élever nos compatriotes à la dignité humaine, il est impératif de dépasser nos ressentiments, nos souffrances et nos égoïsmes. Notre destinée sera alors plus paisible, plus haute et plus noble. Nous invitons fraternellement les togolais à s’unir en esprit à Dieu dans une unité de dessein, c’est-à-dire à la recherche exclusive du bien, de l’amour et de la paix. Le Togo sera ainsi et sans aucun doute l’or de l’humanité.
Nicolas LAWSON
Président du PRR